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 L'herbe n'est pas plus verte ailleurs

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Jin Daven
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MessageSujet: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyMer 4 Nov - 22:05

Il commençait à se dire qu'il avait peut-être fait une grave erreur, qu'il avait peut-être cru que l'herbe serait plus verte ici qu'à la Junkyard. Et ça aurait dû l'être, étant donné qu'elle était quasiment dépourvue de nature. Mais il avait appris cette expression en lisant un livre d'un auteur de Modernis et s'était dit que ça correspondait bien à sa situation actuelle. 
Elle ne l'était pas. C'est ce que le blond était en train de se dire alors qu'il buvait lentement le caramel machiatto brûlant qu'un inconnu lui avait offert, l'ayant probablement pris en pitié. Il faut dire que Jin était arrivé dans la tôt dans la matinée après plusieurs heures de voyage dans un vieux camion qui faisait un bruit infernal et n'avait pas très bonne mine, ses cernes témoignant de sa fatigue. Il avait voulu se trouver une chambre dans un hôtel, prendre une douche et se laisser aller à un sommeil profond... Mais les prix étaient bien plus exorbitants que ce à quoi il s'attendait.

Le Junkien en avait longuement discuté avec ses parents, en particulier avec son père qui n'était pas excité à l'idée de voir l'un de ses enfants quitter le foyer. Là-bas, il ne pourrait pas le protéger. Le vampire, ancien Gothik, avait vécu très longtemps à Modernis qu'il avait quitté quand les humains avaient commencé à montrer une certaine haine envers sa race. Les hybrides étaient encore plus mal vus qu'à la Junkyard et il avait peur qu'un anti-vampire ne lui tombe dessus. Il l'avait aussi prévenu que tout coûtait cher dans la cité humaine et lui avait donné quelques billets qu'il avait récupéré sur un Trader qu'il avait tué. Jin s'était empressé de se préparer. Il avait récupéré un sac de voyage encore en état et y avait fourré quelques vêtements, ses livres préférés, plusieurs fioles de poison et quelques pierres étranges dont il ignorait l'utilité mais dont les Traders étaient toujours friands.
Et puis il avait dit au revoir à sa famille en leur promettant de revenir dans l'année et s'était rendu devant les portes. Il avait passé sa carte-passe dans le dispositif magnétique qui lui offrait une nouvelle forme de liberté et était monté dans le camion qui l'attendait, un ami Trader au volant, sans jeter un regard à la Tour Noire. Il avait été envahi par l'excitation et l'appréhension, il avait tellement hâte de se retrouver dans une université et étudier pour satisfaire sa curiosité. Vivre seul, avoir son intimité et manger à sa faim. Bien sûr, il ne s'attendait pas à ce que ce soit la débandade à ce point.


Et maintenant, il était là. Dans un café qui donnait sur une grande rue, non loin de l'université dont on lui avait vaguement parlé et sur laquelle il misait beaucoup. Il posa sa tasse encore fumante et relut pour la troisième fois la brochure de l'université spécialisée dans les sciences. Quand il l'avait prise à l'accueil, il s'était mis à sourire en réalisant qu'il comprenait très bien la langue de Modernis mais avait vite déchanter en voyant les prix. Où voulaient-ils qu'un étudiant trouve cinq milles dollars par an ? Comment faisaient les autres étudiants ? Une femme à l'accueil lui avait parlé de crédits, mais n'étant pas un citoyen de Modernis, il doutait qu'il y aurait accès. Il posa la brochure en laissant échapper un soupire et en se rappelant qu'il ne lui restait que douze MSD. Il n'avait pas les moyens de se payer l'hôtel et ne connaissait personne. Il devait trouver un endroit où dormir, mais aussi de quoi manger. Pour appuyer cette idée, son estomac se mit à gronder discrètement et il se demanda pourquoi est-ce qu'il n'avait pas fait marche arrière quand la barthender lui avait demandé 5 MSD pour cette boisson bien trop sucrée.

Là, c'était le bon moment pour relativiser. Il était dans une ville où presque aucune bête ne risquait de lui sauter à la gorge, le temps était clément et on ne l'avait toujours pas jeté à la porte. Il faut dire qu'il s'était fait beau. Il s'était lavé à l'eau glacée et savonné jusqu'à ce que sa peau devienne rouge. Il avait enfilé ses plus beaux vêtements et surtout le plus simples et encore en état. Un slim noir délavé par endroit et un gros pull en laine gris, un peu large mais qui tenait chaud, et évidemment, ses chaussures à semelles compensées. Sans oublier ses nombreuses bagues qu'il portait à chaque doigt, excepté pour l'annulaire et le pouce gauches. Il s'enfonça dans le dossier de sa chaise et observa les autres clients, beaucoup d'hommes et très peu d'étudiants. Enfin à moins que les étudiants n'aient la trentaine et discutent en fumant une clope. C'était un peu surprenant, presque décevant. Mais c'était le matin, il devait être à peine six heures et il se trouvait chanceux d'être tombé sur un café ouvert 24/7 alors il n'allait pas se plaindre.
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Allic S. Beackerman
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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyMer 4 Nov - 22:59

« M
onsieur Beackerman ! Monsieur Beackerman, attendez ! »

Allic s'interrompit en plein milieu de sa phrase et se retourna. Dans l'embrasure du magasin qu'il venait de quitter, il vit un vendeur accourir dans sa direction. Le jeune homme, un énorme sac en plastique noir dans la main, slaloma entre les clients de la galerie commerciale jusqu'à atteindre Allic et Tony, qui attendaient côte à côte, tranquillement. Le parrain remonta ses lunettes noires sur le sommet de son crâne et sourit avec bienveillance à son poursuivant.

« Monsieur Beackerman, vous oubliez votre achat ! »

Oh… Oui, c'était vrai, quelle tête en l'air il faisait parfois. Allic remercia le jeune homme et jeta un coup d’œil dans le sac. La fourrure brune striée de caramel lui indiqua qu'il s'agissait bien du magnifique manteau qu'il venait d'acheter. Ce n'était pas pour lui, mais un cadeau pour sa mère, histoire de lui souhaiter un bon rétablissement après sa dernière opération. Elle se remettait d'un lifting des paupières, le troisième. Il se serait senti vraiment très idiot s'il s'était présenté les mains vides devant elle. Bien entendu, elle ne l'aurait pas mal pris, mais lui si.

Il faisait exceptionnellement beau et ensoleillé ce matin, aussi Allic décida de ne pas aller récupérer sa décapotable dans le parking souterrain et de profiter de la chaleur avant qu'elle ne devienne trop étouffante. Une petite marche jusqu'à l'hôpital ne pourrait pas leur faire de mal.
Une petite brise, agréablement tiède, vint soulever le tissu fin qui composait sa chemise, rayée d'ocre brillant et de orange décoloré. Un débardeur vert kaki assez large et lâche couvrait à peine son torse halé parfaitement épilé et un jean d'une teinte un peu plus foncée collait ses jambes, les maintenant serrées dans le tissu à un point tel qu'on aurait dit sa peau. Les coutures permettaient toutefois, assez aisément, d'échapper à la confusion. Des bottines en cuir marron clair et un petit sac à main en bandoulière complétaient sa tenue. Avec ça, pas mal d'hommes se retournaient sur son passage, le faisant sourire. Derrière ses lunettes de soleil, il pouvait se permettre de reluquer n'importe qui, impunément. Quand un type aborda Tony, les joues rouges, pour lui donner son numéro de portable, Allic fit la moue et se vexa. Il avisa un café, le Sweet Honey, et attrapa le bras de son ami pour l'y entraîner.

« J'ai envie d'un café, viens. »

Tony eut tout de même le temps de récupérer le numéro et ils s'installèrent dans l'établissement. Allic commanda une immense tasse de cappuccino-caramel et une minuscule part de gâteau au chocolat qui valait plus que le prix du gâteau entier. En buvant, il jetait des petits coups d’œil à Tony. Okay, il était mignon avec ses courts cheveux noirs ébouriffés, incroyablement doux et fins, et puis son petit nez retroussé aussi, mais… C'était lui qui faisait une tonne d'efforts pour être beau et attirant, non ? Comme si les gens préféraient draguer des types au naturel…
Dégoûté mais contenté par son cappuccino, Allic retira ses lunettes de sa tignasse épaisse et désordonnée pour les poser sur la table et promena son regard sur la clientèle. Comme lui, pas mal de personnes avait une tasse et une pâtisserie et, toujours comme lui, une cigarette dans une main. Tous ces gens ne l'intéressaient pas. Ils avaient la belle vie, ou en tout cas, ils gagnaient assez bien leur vie pour être tranquille. Pourtant, ils étaient près de l'université, il devrait y avoir pas mal de cas désespérés.
Quand il repéra le jeune homme à la brochure universitaire, un sourire malin étira ses lèvres pleines. Il était maigre, ses vêtements faisaient pitié et il avait un air un brin dépité tandis qu'il consultait le papier glacé qu'il avait entre ses mains. Ce ne serait pas la première fois qu'Allic pêcherait quelqu'un ici. Il aimait se dire que, contrairement à feu son paternel, il faisait surtout ça pour aider la jeunesse de Modernis State.

Au moment où il se demandait s'il allait prendre le risque de terminer son second petit déjeuner, il vit une petite femme replète traverser la salle pour se planter à côté du jeune homme. Elle laissait sur son passage l'odeur entêtante d'un parfum bon marché et il était évident que ses escarpins étaient une imitation. Les sourcils froncés, il tendit l'oreille, l'entendant déblatérer son baratin d'une petite voix pressée. Elle faisait soit disant partie d'un système d'aides financières à but non lucratif, une association généreuse qui venait en aide aux étudiants sans le sou (« mais avec beaucoup d'ambitions ! ») et aux jeunes parents en détresse. Qu'est ce qu'il ne fallait pas entendre ! Allic lâcha un « pff » méprisant, posa sa tasse et écrasa sa clope dans le petit cendrier prévu à cet effet. Puis, il se leva et se dirigea d'un pas conquérant vers la table. Sans ménagement, il repoussa la petite dame, juste assez faiblement pour éviter de la faire tomber et esquiver un procès.

« Dégage, l'arnaqueuse. On te voit venir à dix kilomètres. »

Elle grommela et se retira à sa table. Allic s'installa, tout sourire, à la table du jeune homme, et lui tendit sa main.

« Salut, je m'appelle Allic. J'espère qu'elle ne t'a pas trop… Emmerdé. Faut pas te laisser faire. Ici, des tas de gens essaieront de profiter de toi. Alors comme ça, tu vas à la fac ? J'y suis allé, elle est géniale. »

Voilà pour les présentations. Du moins, l'essentiel. Il n'avait pas menti en disant que beaucoup allaient essayer de se faire du blé sur le dos de ce mec. Après tout, la mafia régnait en maître dans cette ville.


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Jin Daven
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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyMer 4 Nov - 23:49

Il était en pleine réflexion lorsqu'on vint l'interrompre et serra sa tasse de café brûlant entre ses mains, prêt à la jeter au visage de la jeune femme qui l'avait fait sursauter. Il fronça légèrement les sourcils, faisant mine d'être attentif, mais il était plus offensé qu'autre chose. Les gens ne savaient pas se présenter en bonne et due forme ici ? On lui avait pourtant vanté dans les livres à quel point les gens de Modernis étaient civilisés. Il fût tenter de l'envoyer balader, mais la jeune femme réussit à éveiller en lui un certain intérêt. Mais aussi beaucoup de méfiance. On venait lui offrir de l'argent, pourquoi et à quelle condition ? Pourquoi est-ce qu'elle ne pouvait pas être claire ? Il n'eut pas le temps de lui demander ce qu'elle voulait exactement lorsqu'un homme la dégagea, tout simplement. La demoiselle sembla outrée mais s'en alla sans demander son reste, au grand étonnement de Jin qui s'attendait plutôt à voir une lame sortie de nulle part s'enfoncer dans le ventre de l'autre. Mais ici on était civilisés, on se laissait écraser et on partait la queue entre les jambes. Au moins il n'y avait pas de sang à nettoyer et elle, n'y perdait rien à part sa dignité.
Une nouvelle surprise lorsque l'inconnu vint s’asseoir en face de lui avec un sourire jusqu'aux oreilles et lui tendit la main.

« Salut, je m'appelle Allic. J'espère qu'elle ne t'a pas trop… Emmerdé. Faut pas te laisser faire. Ici, des tas de gens essaieront de profiter de toi. Alors comme ça, tu vas à la fac ? J'y suis allé, elle est géniale. »

Evidemment, il était hors de question qu'il lui serre la main en retour, c'était un coup à se faire tirer en avant et se retrouver avec le nez explosé contre la table ou un coup de couteau de le dos. Enfin, au moins lui, s'était présenté. Jin le regardait dans les yeux, il n'était pas très doué pour savoir si on lui voulait du bien ou non, mais il le scrutait tout de même. Il fixa ensuite la main tendue et prit le temps de boire une gorgée avant de poser sa tasse et croiser les bras contre son torse, avant de se concentrer de nouveau sur l'homme. Il avait l'air en bonne santé, ses joues n'étaient pas creusées comme chez beaucoup de gens à Cyber, ses cheveux étaient biens coiffés, ses vêtements étaient en parfait état et l'hybride pouvait sentir qu'il avait pris une douche probablement quelques heures auparavant. Il jeta un coup d’œil à la table dont il venait, des boissons, ces gâteaux qui coûtaient une fortune... Son interlocuteur devait avoir de l'argent. Jin s'humecta les lèvres et répondit en essayant de ne pas paraître grossier à ses yeux.

« Jin. Et non, j'y vais pas. » Il hésita à lui dire qu'il n'était pas d'ici mais il l'avait sûrement deviné. Il avait probablement un accent. Il se ravisa. Il avait toujours préféré jouer la carte de la méfiance avec les étrangers. Et il ne savait rien sur le dit Allic, il n'était même pas sûr que c'était son vrai nom. « Tu l'as pas fait partir par pure gentillesse, tu veux quoi ? »


Voilà, il préférait aller droit au but. Si lui aussi était l'un de ces arnaqueurs, il partirait peut-être. Il pouvait se tromper, mais il ne croyait pas que les gens vivants à Modernis soient aussi solidaires que dans sa ville natale. Tout en regardant Allic, il regretta de ne pas avoir attendu un peu plus longtemps avant de venir. Et en même temps, attendre n'aurait rien changé. Il espérait juste qu'il n'allait pas lui demander des services douteux.
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Allic S. Beackerman
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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyVen 6 Nov - 20:51

A
llic ne sembla pas faire aussi forte impression qu'il l'avait espéré. Le jeune homme regarda sa main comme s'il s'attendait à y découvrir une aiguille empoisonnée et ne daigna pas la serrer. Allic reprit son bras, ravalant sa fierté et décidant de faire comme s'il n'avait rien remarqué. Pour le moment du moins, il voulait en apprendre plus sur ce jeune homme. Il dit s'appeler Jin et ne pas aller à l'université. Son nom était court, mais Allic apprit bien plus avec ces simples paroles. Il avait un accent qu'il n'avait entendu que très peu de fois et une façon de parler qui donnait l'impression qu'il avalait les syllabes à peine sorties de sa bouche. Ce n'était pas agréable à l'oreille, d'ailleurs. Au moins, maintenant, il savait qu'il avait affaire à un Cyber. Du coup, il n'était peut-être pas si paumé et ses vêtements venaient juste de son… style. Si on pouvait appeler ça un style. Les stylistes de ABcorporation s'en seraient arraché les cheveux. Et ça l'aurait fait rire.
Allic apprit très vite que Jin était aussi quelqu'un de très méfiant. Il ignorait à peu près de la Junkyard, mais s'il devait se fier à l'attitude de ce jeune homme, ça ne devait pas être rose tous les jours. A Modernis State non plus, mais les gens s'efforçaient de bien le cacher. Ou de ne pas y penser. Lui même essayait de voir les bons côtés de sa condition et les miroirs de sa villa étaient à peu près les seuls à en payer les frais. Il lui fallait bien un exutoire. A force de se mentir, on ne faisait que se donner l'illusion d'y croire. Il y avait toujours un petit quelque chose qui vous remettait le nez dans la réalité. Pour cette fois, Allic espérait que la réalité serait de son côté.

Avec un sourire en coin, le mafieux hocha brièvement la tête, d'un air entendu.

« Je vois que tu n'es pas aussi naïf que cette femme voulait le croire. C'est vrai, je cherche à retirer quelque chose de toi. Mais au moins, je ne te volerai pas. »

Pas vraiment. Il fonctionnait comme n'importe quelle société de crédit dès qu'il s'agissait de prêter de l'argent, à ceci près que pour récupérer son dû, il ne reculait devant rien. Et il se considérait moins cruel que le système officiel. Priver quelqu'un de sa maison et de ses biens en lui souhaitant bonne chance pour la suite ? Autant le tuer tout de suite au lieu de le laisser moisir dans la souffrance et les regrets jusqu'à ce que mort s'en suive ! Néanmoins, Allic n'appliquait que rarement ce traitement. D'abord, parce qu'il y avait très peu de ses « clients » qui foiraient les choses au point de ne plus respecter leurs engagements. Ensuite, il préférait le système de traite d'esclaves à la suppression pure et simple d'une vie. Au moins, il pouvait rentabiliser son prêt. Et les riches notables de la ville souhaitant secrètement posséder un être qui n'avait d'autre choix que de leur obéir – ou simplement qui fantasmaient sur la possession d'un autre être humain – étaient légions. Visiblement, louer les bienfaits de la Démocratie n'empêchait pas d'avoir une morale discutable. Enfin, ce n'était sûrement pas lui qui allait se permettre de les juger, ou en tout cas, de les condamner.

« Tu as forcément besoin de quelque chose, non ? Pourquoi regarder cette brochure si tu n'es pas un étudiant ? L'année a commencé depuis un bon moment déjà. Alors quoi ? C'est juste une petite lecture pour passer le temps ? »

Il sortit son paquet de cigarettes au filtre saveur cappuccino de sa poche, ainsi que son gros briquet frappé de la représentation d'un animal aquatique imaginaire : une pieuvre, dont les huit bras s'étendaient sur la totalité de l'argent composant l'objet. Il prit l'une de ses clopes et tendit son paquet en direction de Jin, souriant à nouveau avec un brin de moquerie.

« Elles ne sont pas empoisonnées. »

Un serveur apparut alors à côté de leur table et s'adressa à Allic comme si celui-ci venait d'arriver, lui demandait ce qu'il désirait consommer. L'homme souleva un sourcil, se disant que les employés de ce café n'étaient pas très observateurs, mais décida de sauter sur l'occasion pour commander un verre de vin rouge. Ce ne serait pas aussi bon que celui qu'il commandait au vignoble du château Wilkinson, un manoir possédé à ce jour par un vieil homme complètement obsédé par la viticulture.  Un trait de caractère familiale, qui se transmettait apparemment depuis près de deux mille ans, si l'on en croyait les bouteilles.
Le serveur avait tourné les talons, quand Allic eut soudain une idée.

« Attendez ! Finalement, amenez la bouteille et un deuxième verre. Mon ami ici présent en prendra aussi. »

D'un geste négligeant du doigt, il indiqua Jin, qui faisait un peu tâche dans le tableau, il fallait bien l'avouer. Allic n'allait reculer devant rien pour en apprendre le plus possible sur le jeune homme, dusse-t-il l'impressionner par la culture gastronomique de Modernis State ou lui faire signer un contrat alors qu'il était complètement saoul. Il ne faudrait pas trop traîner non plus, cela dit, il voulait être à l’hôpital avant onze heure trente.

« Alors, comme ça, lança-t-il sans préambule, t'es un Cyber ? »

Il prenait un risque, qui pouvait toujours s'avérer payant. Ce n'était pas comme s'il avait quelque chose à perdre de toute façon. Tout cela l'amusait surtout.  


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Jin Daven
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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyVen 6 Nov - 21:48

Apparemment, Allic n'était pas prêt de le laisser tranquille. L'homme semblait lui aussi jouer la carte de la franchise en confirmant ce qu'il pensait. Lorsqu'il lui tend le paquet de cigarettes, le junkien se surprit à hésiter, et lui adressa un regard sombre lorsque l'homme décida de placer une touche d'humour, ou peut-être une pique. Le problème, c'est que Jin avait un humour particulier, souvent très noir. Bien sûr il aimait taquiner ses proches, juste ses proches. Il n'appréciait pas qu'on fasse de l'humour avec lui quand il ne connaissait pas l'autre. Enfin, il n'allait pas se vexer pour si peu et perdre l'occasion de dormir au chaud cette nuit. Il esquissa un léger sourire et prit une cigarette. Il sortit son propre briquet de la poche de son slim, noir avec l'une de ces pierres phosphorescentes qu'il avait trouvé et dont il ignorait la valeur car il était persuadé qu'elles brillaient ainsi à cause des déchets toxiques rejetés par la Tour, mais elles étaient belles et facilité la recherche quand on devait trouver son briquet dans le noir. Il alluma la cigarette avant d'en prendre une bouffée et expirer lentement.

« Mais bientôt elles pourraient l'être. »

Il prenait le risque de glisser cet indice que l'autre pourrait prendre pour une menace, mais Allic semblait curieux et n'était sûrement pas stupide. Il lui faisait penser à un chacal, peut-être que c'était son teint... il avait un bronzage parfait, ni trop ni pas assez. Il n'avait pas ce teint maladif que la plupart des membres de sa famille avaient. Enfin les chacals n'avaient pas de teint mais une fourrure. Enfin ça devait être à cause de son sourire et il devait faire le lien à cause d'une photo qu'il avait vu dans un bouquin où les babines de l'animal semblaient lui remonter jusqu'aux oreilles... On disait des chacals ou des chacaux ? Peu importe. Il accepta le verre de vin en haussant les épaules et tira une nouvelle latte en regardant l'homme dans les yeux.

« Alors, comme çat'es un Cyber ? »

Il voulait un award ? Est-ce que ça effacerait ce sourire moqueur de son visage ? Jin observa son visage plus en détails, visiblement cet homme aimait prendre soin de lui.

« Ca s'entend, je sais. » Il se mordit l'intérieur de la joue en se demandant si ce qu'il allait dire était correct. Il pouvait s'attirer de gros ennuis. Il ouvrit de nouveau la bouche pour parler lorsque le serveur arriva avec les deux verres de vin et la bouteille. Il les servit et s'éloigna pour aller voir d'autres clients. Le junkien ne toucha pas son verre et croisa les bras sur la table. Il avait l'estomac vide depuis presque vingt-quatre heures, boire serait une grave erreur.

« Je vais pas tourner autour du pot, tu es l'un de ces types qui prête de l'argent à ceux qui en ont besoin et tu demandes des arrêt-... Des... » il fronça les sourcils et tourna la tête en cherchant ses mots, il l'avait lu quelque part mais dans quel livre ? Il ferma les yeux et revit la page de ce thriller romantique de Modernis dans lequel un enfant était vendu par son père écroué de dettes. Il rouvrit les yeux. « Des intérêts. J'ai besoin d'argent, mais je veux pas que tu m'en prêtes, je pourrais jamais te les rendre. L'argent n'existe pas chez moi. Mais toi, je sais que tu en as. »

Il jeta un peu des cendres de sa cigarette dans le cendrier à disposition, noir avec le nom du café au centre, simple, puis le fixa de nouveau en mordillant sa lèvre. Devait-il suivre son intuition ? Au pire, il pourrait toujours lui jeter la table en plein visage et s'enfuir, il courrait très vite. C'était un sport national chez les junkiens.


« Ceux qui ont trop d'argent ont toujours des ennemis. Et je suis sûr que tu en as. Et que tu sais reconnaître les gens qui te seraient utiles si ils travaillaient pour toi. À moins qui tu ne sois un fils à papa qui le laisse tout faire pour toi en pleurnichant contre le sein de maman ? »


Il faisait de son mieux pour paraître confiant, mais son rythme cardiaque avait accéléré, plein d'appréhension. Il se plantait peut-être. Un sourire moqueur étira ses lèvres avant de se rasseoir correctement en appuyant son dos contre son dossier, croisant les jambes. Sa bouche était sèche. Il craqua et décida de prendre une gorgée de son verre de vin, sans cesser de toiser l'homme.
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Allic S. Beackerman
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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyDim 8 Nov - 17:32

L
a menace sembla flotter un instant dans l'air, laissant Allic immobile, intrigué et pas très sûr de comprendre. Pourtant, il n'y avait aucun doute à avoir et il allait sans doute faire plus attention à l'endroit où il laissait traîner ses cigarettes à partir de maintenant. Mourir d'un bête empoisonnement serait tragique, après son magnifique parcours de vie et ce qu'il en faisait encore aujourd'hui. Même s'il n'aurait pas dit « non » à une petite maison de banlieue avec un travail banal et des enfants pénibles à élever avec son magnifique mari, il n'était pas prêt à renier sa vie actuelle.
A la fin, Allic retrouva tout de même son sourire et regarda Jin commencer à fumer. Il n'avait pas manqué de remarquer l'originalité de son briquet, en particulier cette pierre, très particulière. Il se demandait quel nom elle portait.

Le serveur partit avec sa nouvelle commande, Allic jeta un petit coup d’œil à la table où il avait laissé Tony. Ce dernier l'avait bien vite remplacé et se payait la compagnie, certainement agréable, d'un étudiant à la barbe hérissée qui avait apparemment le don de le faire rire. Il fallait croire que son nouveau parfum était efficace, vu le succès qu'il remportait aujourd'hui…
Jin sembla un peu gêné qu'Allic ait deviné qu'il venait de la Cyber Junkyard. S'il voulait perdre son accent, cela dit, il allait devoir y mettre beaucoup de bonne volonté. Au moins, ce n'était pas Gothik City ici, ce serait certainement moins difficile.
Le vin arriva peu après et Allic s'empara de son verre dès qu'il fut rempli, le portant à ses lèvres, mais sans le boire. Il prit d'abord le temps d'en apprécier le parfum. Lorsqu'ils furent de nouveau seuls, Jin osa poursuivre la conversation, abordant la question qui intéressait tout particulièrement le mafieux. Bien qu'il ait eu du mal à mettre un mot sur le concept qu'il avait en tête, le Junkyen savait parfaitement à qui il avait affaire. Du moins, dans l'idée générale.

Allic allait protester, mais Jin n'avait pas terminé. Il lui proposa immédiatement une autre solution, du moins il la suggéra, mais ses intentions étaient très claires. Allic l'imita en s'adossant à son siège et en prenant une gorgée de vin, puis une autre, le regard qui ne se fixait sur rien de spécial. Il réfléchissait. Ca aurait été beaucoup moins confortable de discuter de tout ça dans son bureau, au QG de la Famille, mais il n'était pas certain que le jeune homme veuille s'enfermer avec lui dans un tel endroit. Il était sans doute trop méfiant. Lui-même n'était pas très sûr de le vouloir, c'était un Cyber après tout. Et les Cybers étaient réputés pour ne pas avoir d'éducation, ou en tout cas, pas raffinée. Ils étaient violents et impatients, égoïstes, loubards et voleurs… Il n'y avait qu'à voir ce LaPluie, accro à l'argent comme le serait un drogué avec de la poudre !
Quelques longues secondes passèrent, puis Allic reposa son verre, presque vide.

« Bien… C'est vrai que je prête de l'argent, en tout cas c'est une des choses que je fais. Mais je peux t'assurer que tu ne trouveras pas de meilleur rapport qualité/prix dans cette ville. Et mes taux d'intérêt défient toute concurrence… Légale. C'est vrai aussi que j'ai de l'argent et des tas d'ennemis. Du pouvoir aussi. »

Ce n'était pas peu dire, avec la guerre des clans mafieux qui se profilait à l'horizon. Allic n'était pas certain qu'il puisse faire quoique ce soit pour l'éviter, les Bongiasca avaient l'air bien remontés.

« En revanche, je suis loin d'être du genre « fils à papa ». D'abord parce que c'est moi qui l'ai tué, en quelque sorte. Ensuite, ma mère a les seins complètement refaits et ça n'a jamais été agréable de pleurnicher dessus. Je suis aussi déjà bien protégé. »

Il fit un signe de tête en direction de la table où Tony discutait toujours avec le parfait petit étudiant.

« Tu vois ce type là-bas ? Il n'a même l'air de nous calculer, hein ? Pourtant il suffit d'un semblant de menace pour qu'il accoure et te tue en une seconde. »

Il avait sans doute un peu exagéré, Tony était fort, mais il avait ses faiblesses, comme tout le monde. Il préféra taire l'existence de ses propres compétences de combat, parce qu'il fallait toujours laisser un peu de surprise. Moins quelque chose était attendu, plus ça s'avérait efficace.

« Cela dit... hésita-t-il en se frottant le menton. Tu viens de la Junkyard, tu dois avoir des compétences. Du genre que je ne peux pas retrouver ici. Alors, qu'est-ce que tu sais faire ? Et pourquoi est-ce que tu lis cette brochure ? »

Il n'avait pas oublié l'université, qui l'intéressait pour une question tout à fait personnelle. Il y avait fait son cursus de chimie et était impatient de savoir s'il allait partager une passion avec son éventuel futur-employé.
Du coup, pour être assez sûr d'avoir une réponse, il décida d'activer son pouvoir de Détente autour de leur table, un léger vent chaud se répandant pour abaisser la méfiance du jeune homme.   


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Jin Daven
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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyDim 8 Nov - 18:59

L'espace de quelques minutes, il crût qu'il avait fait une grosse erreur en disant quelque chose qui ne fallait pas. La menace de l'autre homme eût pour effet de lui faire serrer les poings et se renfermer. Il avait posé son verre et faisait pianoter les doigts de sa main droite sur sa cuisse en observant Allic. Son regard s'assombrit tandis qu'il songeait à renchérir, mais jouer à celui qui avait la plus grosse n'était pas son genre et il y perdrait sûrement plus qu'il n'y gagnerait dans ce cas. Si ça rassurait ce richard de savoir que son petit singe était capable d'assassiner n'importe qui, tant mieux pour lui. Le junkien se fit violence pour ne pas lui demander si le jeune homme lui tenait aussi la bite et prit une profonde inspiration, fermant les yeux. Il se détendit un peu et les rouvrit, adressant un léger sourire à Allic et répondit, serein.


« J'aurais pu te tuer deux fois depuis que tu es arrivé. »

Ce n'était pas une menace, c'était un fait et il avait parlé sur un ton très calme afin qu'Allic comprenne parfaitement. Si il y avait une chose à laquelle Jin excellait, c'était la rapidité. Il aurait pu sortir le poignard qu'il gardait coincé entre son slim et sa peau, caché sous son gros pull, dont le manche s'enfonçait dans l'os de sa hanche et lui enfoncer dans le thorax quand il lui avait tendu la main. Mais ce n'était pas son genre, il l'aurait tué lorsqu'Allic avait pris à peine deux secondes pour lui montrer son copain et cessé de surveiller son verre de vin. À ce moment là, le garde du corps était trop occupé à discuter avec son nouveau compagnon et son propre interlocuteur les regardait. Pas longtemps bien sûr, mais ça lui aurait suffit. Certaines des bagues du junkien contenaient le poison dont il était le plus fier. Liquide, incolore, rapide et très violent. Jin imagina l'autre pisser le sang par tous ses orifices et secoua cette idée de sa tête. C'était peut-être lui qui l'aiderait à s'améliorer. En fait, c'était même fort probable.

Évidemment, il ne donna aucun détails. Il n'allait pas jouer toutes ses cartes et se rendre ennuyeux aux yeux d'Allic. Il valait mieux continuer de piquer sa curiosité. Mais puisqu'il tenait tant à savoir pourquoi il voulait entrer dans cette université, il allait lui répondre.

« On n'a pas d'université chez moi, encore moins de science. » Il reprit le papier entre ses doigts et soupira. « J'aimerais approfondir mes connaissances dans plusieurs domaines. La chimie. Et j'aime aussi beaucoup la biologie. »

Bien sûr, la chimie lui serait toujours plus utile pour ce qu'il aimait faire. Mais savoir comment fonctionnait l'organisme de son ennemi était aussi très important. Il reposa la brochure et releva les yeux, il se sentait un peu plus à l'aise.


« Tu as déjà essayé de tuer un homme qui te faisait deux fois en largeur et une tête et demi de plus que toi à la seule force de tes poings alors que tu n'avais rien avalé depuis deux jours, Allic ? Moi je ne peux pas. Mais contrôle ce qu'il ingère, la poudre qu'il sniffe ou la clope qu'il fume et c'est toi le plus fort. »

Il repoussa son verre qu'il avait à peine touché. Il sentait déjà l'alcool lui monter à la tête, il le savait car il avait sensation d'être moins sur ses gardes et ça le frustrait. À la place, il termina son café qui était à la limite entre le tiède et le froid. Puis il posa les mains sur la table. 

« Ecoute, j'ai pas de temps à perdre. Alors soit tu as compris et tu acceptes. Soit tu retournes voir ton employé et je trace ma route. »
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Allic S. Beackerman
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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyDim 8 Nov - 20:43

A
llic était très sûr de lui, de sa sécurité et de ses capacités à se défendre. Sauf qu'ici, face à l'implacabilité d'un jeune Cyber sans le sou, il avait des doutes. Ses sourcils se froncèrent légèrement tandis que son regard perdait un peu de sa lumière. Deux fois, vraiment ? Il avait des doutes, ce type fanfaronnait sûrement pour l'impressionner et ne pas le laisser dominer la conversation, ça ne pouvait qu'être ça. D'un autre côté, il n'avait jamais entendu dire que les Junkyens étaient capables de la moindre subtilité, alors il n'était pas certain que Jin bluffait.
Il décida de ne pas laisser trop échapper son trouble, ou d'essayer de le démentir. Si ce jeune homme était bel et bien capable de ce qu'il avançait, l'effet de surprise serait d'autant plus important. Qu'il croie qu'Allic n'était qu'un petit homme riche incapable de coller une droite dans la figure de quelqu'un ! Ne sachant ce dont Jin était réellement capable, il ne pouvait pas être sûr et certain qu'étaler ses capacités en arts martiaux et en maniement d'armes de toutes sortes puisse l'impressionner.
Il ne dit donc rien, se contentant de le fixer un instant, avant de reprendre une gorgée de vin. Au moins, sa main ne tremblait pas. Le Junkyen n'emporterait pas cette victoire.

Est-ce que son pouvoir était efficace ou Jin avait-il soudain un sursaut de bonne volonté ? En tout cas, il lui dévoila quelques unes de ses intentions au sujet de l'université. Son domaine était donc la chimie ? Un sourire franc étira les lèvres pleines d'Allic. Il ne manquerait plus que le sujet de sa futur thèse concerne les produits créant une dépendance chez les vampires pour qu'il retrouve une espèce de clone à bas prix de lui-même.

« J'ai un doctorat de chimie. C'est un hobby. »

Un hobby certainement très rare, la plupart des gens se donnant la peine de payer et de travailler pour obtenir leur doctorat ne s'en amusait pas, ils trouvaient plutôt un travail bien payé. Mais Allic avait aussi son diplôme de commerce en poche et il n'avait pas vraiment le choix de sa carrière.
C'est alors que, sans qu'Allic ne le voit venir, Jin se trouva très loquace. Et bien, son pouvoir devait bel et bien faire son petit effet. Il doutait que la malheureuse gorgée de vin qu'il avait osé ingurgité y soit pour quelque chose. Qu'est-ce qu'il en avait à faire de toute façon, du moment qu'il obtenait ce qu'il désirait ?

Ainsi, il apprit que Jin avait de bien drôles d'idées. Dire qu'on le traitait de sadique parce qu'il aimait « un peu trop » s'occuper de la torture de leurs prisonniers ! Mais ce type parlait de la mort comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Oui, Allic tuait, parfois. Oui, il connaissait bien la mort et oui, à Modernis State comme ailleurs, des gens mourraient, de meurtres ou de vampires. Pourtant, Jin était choquant. Allic vérifia rapidement que personne ne les écoutait, heureusement, ça ne semblait pas être le cas. La plupart des gens, par bonheur, ignoraient totalement les conversations des autres tables.

« Et bien, je dois avouer que je ne suis pas certain d'en être capable non plus ! » répondit Allic sur le ton de la plaisanterie, en ajoutant un petit rire presque nerveux.

A vrai dire, il pensait en être tout à fait capable. Il jouissait d'une bonne endurance et était habitué à manquer de sommeil et de nourriture. Cela dit, il fallait aussi voir l'ennemi en question. D'abord, s'agissait-il d'un vampire ? Bien sûr, dans cette discussion, ce détail n'avait aucune importance.
Allic venait surtout d'apprendre que Jin semblait spécialisé dans l'empoisonnement. La menace sur ses cigarettes, l'étude de la chimie et de la biologie… Bien sûr, tout se recoupait. Ce type était obsédé par les poisons. Soit il avait un ennemi très puissant à abattre, soit il s'agissait de son hobby. Si c'était le cas, Allic ne laisserait plus personne dire qu'il avait des loisirs étranges.

« Je comprends ce que tu veux dire. Si tu es capable de tout ça, je pourrais te trouver une place dans ma petite Famille. Une très bonne place, même. »

Un empoisonneur ? C'était plutôt rare dans cette ville où les armes à feu avaient la cote. Et ça pourrait s'avérer tellement utile ! Il regretta soudain d'avoir déjà confié le contrat sur la tête des jumeaux, Jin aurait certainement pu s'en occuper avec beaucoup plus de crédibilité. Une purée de petits pois était si vite empoisonnée ! Les parents auraient porté plainte auprès du grand supermarché et il aurait pu les admirer se débattre avec leurs problèmes, serein. Enfin, il trouverait sûrement beaucoup d'autres choses à faire faire à ce jeune homme… En supposant qu'il rejoigne effectivement ses rangs.

Un fond de café plus tard, Jin voulait déjà jouer cartes sur table. Allic ne pouvait pas dire que ça ne l'arrangeait pas, après tout, il avait un rendez-vous.

« C'est d'accord. Viens à cette adresse dès que tu as un peu de temps. On s'occupera des détails. »

Il fit glisser une petite carte sortie de la poche de sa chemise sur la table, en direction du Junkyen. Elle indiquait l'adresse du bâtiment servant de quartier général au clan Beackerman, ainsi que les horaires où il était présent. Il serait accueilli par sa secrétaire et Allic regrettait déjà de ne pas être là pour voir la tête de Philis quand Jin lui tendrait la carte de visite en demandant à le voir.

« Je peux déjà te dire bienvenue ! Bienvenue dans la Famille Beackerman ! »

Cette fois, il ne lui tendit pas la main. Inutile de se prendre un autre vent.
Du coin de l’œil, il vit Tony congédier en douceur sa distraction. Il savait qu'ils n'allaient pas tarder.   


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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyMer 11 Nov - 18:27

L'homme qui lui faisait face semblait plutôt content de ses réponses et du tournant de leur conversation, mais Jin ne voulait pas s'emballer trop vite. Il pourrait toujours refuser plus tard, rien n'était encore officiel. Il laissa échapper un léger son guttural qui ressemblait à un « Hm » lorsqu'il lui dit qu'il avait un doctorat en chimie. Il n'avait rien à ajouter, il n'allait pas prétendre que ça l'intéressait puisqu'il n'était sûr de rien. Le junkien n'aimait pas demander de l'aide lorsque ça concernait l'intellectuel, il ne demanderait probablement jamais rien à Allic, mais peut-être pourraient-ils avoir des conversations passionnées d'ici quelques mois sur un sujet commun.
Finalement, il lui donna une carte de visite que Jin prit le temps d'observer avant de la prendre et la ranger dans la poche de son slim puis se leva.

« Très bien, on se verra ce soir dans ce cas. »

Il écrasa son mégot de cigarette dans le cendrier, récupéra son briquet et sortit sans plus attendre après avoir ramassé le sac qui contenait ses affaires. En poussant la porte, il croisa le regard d'un homme qui attendait de l'autre côté, la fixant d'un air perdu. Ses yeux étaient vitreux et un léger filet de bave coulait sur son menton tandis que rester debout semblait être un véritable exploit pour lui. Le junkien fronça les sourcils et s'en écarta rapidement avant de tracer sa route. Ce gars n'avait pas l'air net, peut-être défoncé, peut-être malade, il ne voulait pas le savoir. Il fit quelques pas un peu plus loin avant de tourner la tête, curieux. L'homme n'était toujours pas rentré. Il haussa les épaules et se remit en chemin, Allic prétendait être un grand garçon, même si cet homme représentait un danger potentiel, il saurait se débrouiller.

Le junkien marcha pendant une bonne demi-heure jusqu'à arriver dans un parc et alla s'asseoir sur un banc un peu usé. Il posa son sac et observa les lieux avant de prendre une grande inspiration. L'air était plus pur qu'à Cyber, il n'y avait aucun doute. Son estomac gronda pour la énième fois et il sortit d'un sac en plastique blanc un sandwich qu'il avait acheté sur sa route, une bouteille d'eau offerte. De l'eau potable gratuite, c'était presque trop beau pour être vrai. Il en ramènerait sûrement quelques packs chez lui, quand il retournerait là-bas. Il dévora la moitié de son sandwich au poulet et passa une grande partie de la journée à lézarder au soleil, sa tête appuyée contre son sac. Réfléchissant à ce qu'il demanderait à Allic. Ce dont il était sûr, c'est qu'il exigerait qu'il lui paye ses études et lui donne suffisamment pour qu'il puisse manger et économiser. Mais allait-il accepter ? Il n'avait qu'une faible expérience pour le moment et il ne lui jurerait pas de se jeter sur une lame ou une balle destinée à ce gosse de riche. Il allait devoir le persuader qu'il était un investissement intéressant, sur le long terme. Même si il comptait l'impressionner dès le début.


Il finit par s'endormir, et ne se réveilla que lorsqu'il entendit deux enfants glousser un peu plus loin, jouant à faire des bulles pour les crever ensuite. Il se frotta les yeux et s'étira avant de se redresser. Il savait ce qu'il allait faire à Allic pour s'assurer qu'il accepte sa proposition. Jin se rendit dans les toilettes publiques, à disposition de tout le monde. N'importe qui aurait dit qu'elles étaient insalubres, mais ce n'importe qui ne connaissait sûrement pas les odeurs de la Junkyard. L'avantage là-bas, c'est que le vent était si fort qu'il balayait au loin toutes leurs ordures en tout genre... ou pas toujours. Jin se rafraîchit le visage à un lavabo relativement propre. Pas de vomi, pas de sang, pas de seringue... Il coiffa ensuite ses cheveux, à l'arrache. Il ressortit ensuite et se mit en route pour retourner voir Allic. Lorsque le vendeur de magazine lui fit remarquer que la carte de la ville qu'il avait déplié et lisait était payante, Jin haussa un sourcil en le détaillant de la tête aux pieds avant de lui fourrer sa moitié de sandwich restante dans les mains et de s'en aller avec sa carte. Il demanda plus tard à un passant si il savait comment aller dans la rue machin-truc et ce n'est qu'au bout de deux heures de marche et de recherche qu'il arriva.
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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyMer 11 Nov - 20:57

E
n sortant du café aux côtés de Tony, en laissant le prix de ses diverses consommations sur les tables, Allic eut l'occasion de moins en moins rare de croiser l'un de ces malades. Le flot toujours plus important de passants formait un périmètre de sécurité instinctif autour de ce zombie et il attirait beaucoup de regards dégoûtés, mais surtout apeurés. Tout le monde avait peur d'attraper la maladie. Lui-même n'était pas spécialement rassuré et entraîna sans attendre son meilleur ami en direction du trottoir d'en face. Ils faillirent se faire percuter par une grosse voiture, qui les klaxonna, ce à quoi Allic répondit par un geste du majeur peu recommandé pour qui voulait se faire des amis. Ils n'avaient pas fait cinq mètres sur le trottoir visé que la bagnole se gara à côté d'eux dans un crissement de pneus et un homme large d'épaules déboula en tempêtant.

« Dis donc espèce de connard, tu te prends pour qui, espèce de sac à merde de … Oh, Allic, salut mon pote, je t'avais pas reconnu ! »

Tout cela finit dans des embrassades et un bref échange de souvenirs d'école. De l'autre côté de la route, des policiers en combinaison anti-virale embarquaient le malade du Sweet Honey Café, qui venait de bénéficier d'une bien mauvaise publicité. Nul doute que son chiffre d'affaires allait chuter pendant les prochaines semaines, Allic allait devoir surveiller ça de près. Quand un flic vint signaler à Dante, l'un des rares amis qu'avait Allic au lycée, que sa voiture allait être embarquée par la fourrière s'il ne la bougeait pas dans l'immédiat, la conversation se termina prématurément, dans un nouveau flot de grossièretés.
Un peu plus tard, Allic retrouvait sa mère, qui lui raconta de nombreuses anecdotes sur les employés de l'hôpital.

Ainsi, après le déjeuner, quand il prit la route du Q.G. Beackerman dans sa voiture de sport flambant neuve, Allic avait beaucoup de choses auxquelles penser. Ce ne fut que lorsqu'il fut en vue de l'imposant building que la visite prochaine du jeune Cyber nommé Jin lui revint à l'esprit. Serait-il impressionné par la structure ? Et si c'était le cas, en retirerait-il un plus grand respect pour le mafieux ou tout le contraire ? Dans les couloirs et l'ascenseur, il se demanda aussi si Jin trouverait l'endroit oppressant. Peu décoré, il se voulait sobre. Les murs étaient dans les tons clairs, du beige ou une autre nuance au nom rêveur, avec une fine ligne horizontale d'un noir profond à la hauteur des hanches, en moyenne, des visiteurs. Les rares photos encadrées témoignaient de la réussite de la Famille à travers diverses acquisitions et poignées de main marquant une alliance, bien souvent éphémère.
Le dernier étage donnait sur son bureau, tout au fond du couloir, en tournant à droite. On y trouvait un petit espace dédié au bureau de la secrétaire, Philis ou miss Sea, une jeune femme pétillante un peu distraite et qui prenait grand soin de son physique. Une femme qui convenait parfaitement à l'image Beackerman. Quelques sièges en bois confortables permettaient aux visiteurs de patienter et une table basse présentait les derniers magasines de modes sortis en kiosque, histoire de passer le temps.
La porte donnant sur le bureau d'Allic était d'un joli bois doré, avec son nom écrit en lettres d'or. Un simple « Mr. Allic Beackerman ». Pas de titre particulier. Son nom était déjà un titre à lui tout seul.

L'espace privé du parrain était tout aussi peu décoré que le reste du bâtiment, à l'exception d'une photographie de sa mère, qui trônait sur le bord de son bureau. L'élément qui était le plus remarquable était sans aucun doute le très haut et très large fauteuil de cuir noir qu'il avait reçu pour son dernier anniversaire et qui lui donnait des airs de maître du monde. Derrière, une grande fenêtre, presque une baie vitrée, laissait voir le quartier de Nahunte en contrebas et, un peu plus loin, le complexe hospitalier.

Allic avait passé son après-midi à ne rien faire de spécial. Il n'avait fait qu'échanger quelques politesses avec les petits responsables du business au téléphone et souhaiter un bon anniversaire à l'un d'entre eux. Il avait soixante-dix-neuf ans. Il fallait penser à son remplacement mais pour l'instant, personne ne lui semblait approprié et son seul enfant était trop jeune. Sa sœur peut-être ? Elle était mécanicienne dans un petit garage, mais quand on avait ça dans le sang…

La porte de son bureau s'entrouvrit alors qu'il commençait à considérer que jouer au solitaire sur son ordinateur était une bonne idée, puisque Jin ne s'était toujours pas montré. Philis apparut dans l'encadrement et lui murmura :

« Un certain jeune homme avec votre carte dit avoir rendez-vous ce soir… Dois-je appeler la sécurité ?
-Ah ! Faites-le entrer ! »

Philis fit une petite moue de désapprobation. Ses yeux exprimaient clairement sa peur à l'encontre du Junkyen, mais Allic n'était pas effrayé, lui. Même s'il était seul. Tony, ni Mouloud d'ailleurs, n'était pas là pour le défendre au cas où Jin, par un obscur raisonnement, aurait décidé qu'il était judicieux de le tuer.

Quand la porte s'ouvrit en grand et que Philis, plaquée au maximum contre le battant pour éviter tout contact, fit un geste pour signaler à Jin d'entrer, Allic était prêt. Il avait ajusté sa cravate et le col de sa chemise, il se tenait bien droit, assis dans son grand fauteuil, les mains jointes sur son bureau bien rangé. Il n'y avait plus aucune trace de son début de procrastination sur son ordinateur, un écran de veille à base de photographies de voitures de sport emplissant désormais l'espace.    


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Jin Daven
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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyVen 13 Nov - 13:07

Jin commençait à fatiguer lorsqu'il arriva enfin devant l'immense building. Il leva les yeux pour tenter d'estimer le nombre d'étages mais abandonna rapidement. C'était très grand, à la Junkyard aussi ils avaient de grands bâtiments, mais il n'en avait jamais vu en parfait état. Enfin, ils pouvaient bâtir des building immenses, aucun ne dépasserait jamais la Tour Noire, et même si il n'aimait pas particulièrement l'édifice menaçant, cette idée flattait sa fierté de cyber. Il décida d'entrer en passant par de grandes portes vitrées et se rendit à l'accueil pour demander le bureau d'Allic. La jeune femme qui venait de raccrocher au téléphone le dévisagea avec un air de mépris, haussant un sourcil.


« Le bureau Monsieur Beackerman est au dernier étage. Prenez l'ascenseur. »

Le Junkien se dirigea vers l'ascenseur et appuya sur un petit bouton pour l'appeler. Les portes s'ouvrirent dans un « ting » et il entra pour appuyer sur celui du dernier étage. Le temps lui sembla long, même si la machine allait relativement vite. Il n'appréciait pas d'être coincé dans une boîte métallique qui aurait pu s'effondrer à n'importe quel moment et, en même temps, il se dit que si les câbles lâchaient sous son poids à lui, un grand pourcentage des gens qui passaient par là ne seraient déjà plus en vie. Il arriva enfin au dernier étage, les couleurs des murs et la décoration étaient mortellement fades. Jin aimait les couleurs pétantes, même si il n'en portait pas. Mais quand il aurait sa chambre à lui, il se chargerait de la décoration. 
Tout Junkien qui se respectait aimait les couleurs. Tout était gris à Cyber, les buildings, le sol, le ciel... Même le teint généralement pâle de ceux qui y vivaient, mélangé à une couche de poussière ou de crasse plus ou moins épaisse. Ils comblaient comme ils pouvaient, avec des vêtements et des boissons aux couleurs excentriques. Son tonton crochet lui avait appris à faire quelques cocktails, à base d'un alcool dans lequel avait macéré tel ou tel animal, de fruits qu'il achetait une fortune aux traders, et d'un colorant fluorescent dont il ignorait le nom. Même si c'était probablement une catastrophe pour l'organisme, il devait bien avouer que toutes ces couleurs apportaient beaucoup de joie dans une vie vide de couleurs. D'ailleurs, Jin ne les connaissait pas toutes, les couleurs. Il lui faudrait apprendre ça aussi, et vite, avant que quelqu'un ne s'en rende compte.

Il était perdu dans ses pensées lorsqu'il capta le regard de la secrétaire derrière son bureau, la moue sur son visage laissant deviner sa surprise et peut-être un semblant de dégoût. Pourtant Jin était relativement propre et sentait encore le savon sur sa peau. Son parfum lui attaqua les narines et lui aussi grimaça, un air dégoûté tordant ses lèvres. Le Cyber laissa échapper un léger soupire avant de s'approcher du bureau et de lui tendre la carte qu'Allic lui avait donné plus tôt.

« Je dois voir Allic, il m'a donné rendez-vous ici. »

La jeune femme prit la carte entre ses ongles manucurés qu'il ne manqua pas de remarquer. Ils étaient recouvert d'une couche de vernis et dessus étaient collées des petites perles. Un sourire illumina le visage du garçon alors qu'une idée qui pourrait lui rapporter gros lui traversa l'esprit. La secrétaire se leva ensuite et se dirigea vers une porte sur laquelle étaient gravées en lettres d'or le nom d'Allic. Apparemment il n'était pas peu fier d'être qui il était, les riches de Modernis étaient-ils tous comme ça ? Enfin tant mieux pour lui, si il était un homme décomplexé, ça éviterait des ennuis à Jin. Quoi qu'il se doutait qu'Allic ne voudrait pas de lui comme psychologue. La demoiselle revint enfin vers lui et lui fit signe qu'il pouvait entrer, lui ouvrant grand la porte et faisant de son mieux pour garder une distance sûre entre elle et lui, comme si Jin était un galeux. Il fût tenter de tousser tout prêt d'elle, mais il n'avait pas envie de jouer à ce jeu là, pour le moment. Et pas devant l'autre homme. Passer pour un gamin immature pourrait lui causer du tort. 

Le bureau était très simple et il se surpris à être un peu déçu, mais il était aussi ravi de se trouver dans un lieu propre et en parfait état. La porte se referma derrière lui et les yeux du junkien se posèrent sur Allic, assis dans un imposant fauteuil. C'était plutôt impressionnant, et ça avait l'air confortable comparé à la chaise qui l'attendait. Jin vint s'asseoir en face de lui et croisa les jambes.


« On commence ? »

Ce n'est pas comme si il avait un autre rendez-vous, mais il était pressé de savoir si il aurait un toit au-dessus de sa tête cette nuit ou pas. Il regarda un instant l'écran d'ordinateur, ça aussi il était pressé d'y toucher. Il se concentra de nouveau sur l'homme qui lui faisait face. Attendant de voir ce qu'il avait à dire et à lui proposer.
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Allic S. Beackerman
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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyDim 15 Nov - 15:18

L
orsque le Cyber entra, Allic scruta son visage, à la recherche de la moindre réaction, de la moindre émotion. Il en fut pour son compte, puisque le jeune homme ne semblait pas le moins du monde impressionné. Ce fut tout juste s'il jeta un coup d’œil à la ronde. Philis ferma la porte derrière lui sans s'attarder et Allic se demanda s'il allait avoir l'audace de lui demander de leur apporter des boissons.
Sans attendre d'invitation, Jin prit place dans la chaise qui l'attendait et demanda à Allic d'entamer les négociations. L'homme écarquilla légèrement les yeux, un sourcil se souleva de quelques millimètres et ses lèvres se pressèrent l'une contre l'autre. Ce gars commençait à être vexant. Enfin, les Cybers n'avaient pas d'âme, n'est-ce pas ? Cela arrangeait ses affaires, d'ailleurs.

« Droit au but, tu as raison. Nous n'avons pas de temps à perdre, il se fait tard. »

Pas vraiment, mais Allic aimait bien se détendre la nuit. Il ouvrit un tiroir de son bureau et en sortit un dossier, tout neuf, qu'il avait assemblé dans l'après-midi. Il l'ouvrit, dévoilant une liste d'adresse et quelques photos d'appartements. Il fit glisser le tout en direction de Jin.

« Tous ces endroits sont libres et proches de la faculté. La plupart des appartements sont en hauteur, avec vue sur le centre ville, mais ils sont tranquilles, avec une isolation impeccable. »

Du moins normalement. De toute façon, les seules personnes qui habitaient ce genre d'endroit étaient de riches étudiants ou jeunes actifs. En d'autres termes, des gosses qui avaient des parents fortunés. En pensant à cela, Allic eut un discret demi-sourire. C'était un peu comme si Jin était son propre enfant, son adolescent. Ce qui était impossible bien sûr ! Jin était bien trop vieux pour être son fils. En plus, il n'aurait pas élevé quelqu'un comme ça, il fallait voir son allure. Et de toute façon, il n'avait aucun projet de ce genre, malgré l'insistance frisant le harcèlement de sa tante. Non, à la réflexion, elle ne faisait pas que le friser.

Par-dessus les photos, il rajouta une autre feuille imprimée, qui contenait une colonne de chiffres plutôt conséquents.

« Voici les divers paiements que tu recevras tous les mois. De quoi te nourrir, t'habiller et tout ce que tu voudras… Le loyer sera versé directement au propriétaire, ceci c'est pour tes factures diverses... »

Il lui expliqua chaque montant, même si ça n'allait pas sur son compte en banque personnel. A la fin, il restait à Jin cinq mille dollars à gérer. Il devrait pouvoir s'en sortir, estima Allic.

« J'ai pris la liberté de t'ouvrir un compte à la Banque Générale sous un nom d'emprunt, avec un dépôt de cinquante mille dollars. Ca devrait couvrir sans problème tes premiers frais universitaires. »

Bien sûr, il ne parlait pas de l'inscription, puisqu'il avait déjà inscrit cette somme sur le récapitulatif précédent. Mais Jin allait devoir acheter des livres et du matériel, s'il voulait vraiment avoir son diplôme.

« Bien, passons maintenant à ce dont j'ai besoin. »

Un autre dossier atterrit sur le bureau et Allic affichait désormais un sourire féroce, qui cachait bien la gêne qu'il ressentait vis à vis de cette affaire. En rabattant le carton, il dévoila la photo d'un jeune enfant, un garçon de quatre ans, qui jouait dans le jardin.

« J'ai déjà envoyé quelqu'un sur cette affaire, mais je n'ai pas confiance en lui. J'ai peur qu'il foire. Alors je voudrais que tu l'assistes. Tu y vas, tu le colles aux basques, et s'il échoue… Un peu de poison dans un biberon ou une purée de carottes, ça ne devrait pas être difficile pour toi, si ? »

Il ne comptait pas expliquer à Jin les tenants et les aboutissants de cette affaire. C'était fastidieux, pénible pour sa conscience et il l'avait déjà fait pour Grim. De toute façon, c'était un Cyber pur jus, non ? Il n'allait certainement pas se poser de questions.

Il attendit la réaction de Jin en scrutant soigneusement ses traits. Cette fois, il s'attendait à voir quelque chose sur son visage, même une petite. Il avait hâte que cette histoire soit réglée en tout cas. Une fois que Jin serait assez avancé dans ses études, il comptait aussi l'employé dans son propre laboratoire. Lui-même y travaillait, il bossait sur de nouvelles drogues, mais il ne pouvait pas s'y employer à temps plein. Et les scientifiques diplômés d'un doctorat pour qui travailler au compte de la mafia ne posait pas de problème se faisaient assez rares. Mais Jin aimait les poisons, n'est-ce pas ? Ca devrait donc être un jeu d'enfant de le recruter. Au moins, celui-ci, Allic était certain de ne pas se le faire piquer par un clan ennemi. Pas si ce type avait un semblant de jugeote. Les Cybers ne pouvaient pas être aussi décérébrés que le disait la rumeur.     


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Jin Daven
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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyDim 15 Nov - 16:18

Dans les secondes qui suivirent sa question, Allic sortit un dossier contenant quelques pages imprimées. Le junkyen se pencha légèrement vers l'avant pour y jeter un coup d’œil avec lui et écouta attentivement sans quitter les papiers des yeux. Sur la route il s'était arrêté devant une agence immobilière qui proposait des petits studios, ce qui lui aurait convenu parfaitement. Mais il avait surtout fait ça pour avoir une idée du prix des logements à Modernis. Il prit le dossier et regarda les photos des différents appartements qui lui étaient proposés et son choix se porta immédiatement sur celui avec une immense baie vitrée dans le salon et sa chambre avec un papier peint bleu-vert. Allic se mit à lui parler chiffres et Jin releva les yeux pour le regarder, livide. Est-ce qu'il était dingue ou était-il si riche qu'il en ignorait la valeur de l'argent ? Jin s'attendait à une chambre miteuse et peut-être mille dollars pour vivre à côté. Mais là, il lui offrait un appartement, lui payait ses études et lui versait une véritable fortune en plus de ça. C'était inattendu.

La surprise passée, le cyber réussit à récupérer sa contenance et reposa les photos en se mit à mordre sa lèvre inférieure nerveusement. Il commençait à appréhender ce qu'il allait lui demander. Il voulait bien travailler pour lui, mais il y avait des choses que Jin ne ferait pas. Il vit Allic lui tendre un deuxième dossier et de nouveau, l'écouta attentivement, feuilletant les papiers.

Et comme il s'y attendait, c'était trop beau pour être vrai. Lorsqu'il eut terminé de parler, le junkyen laissa échapper un rire léger en guise de réponse et secoua doucement la tête tandis qu'il s'appuyait de nouveau contre le dossier de la chaise. Il passa une main dans ses cheveux, regardant le mur à sa droite. Il garda quelques secondes ses doigts figés dans sa tignasse blonde, réfléchissant, avant de laisser retomber sa main et de planter son regard dans celui d'Allic.

« C'est une offre que personne d'autre ne me fera, je le sais, mais je n'ai pas envie d'être un assassin à ta solde. »

Le sourire qui étirait légèrement ses lèvres n'avait pas disparu, il avait l'air amusé, mais ça traduisait plutôt sa surprise et son malaise. Jin sentait son cœur cogner fort dans sa poitrine, il savait qu'il risquait gros.

« Je ne veux pas risquer ma vie sur le terrain, tu vois. J'ai seulement vingt-et-un an, et puis je suis vraiment pas doué pour mentir ou jouer la comédie. C'est dans ton intérêt comme dans le mien que je dis ça. Ce que je veux, c'est que tu me laisses te fabriquer des produits pour que toi ou quelqu'un qui n'a pas peur de mourir s'en serve. »

Évidemment, il préférait omettre le fait qu'il était hors de question qu'il tue un enfant. Jin avait plein de petits frères et sœurs, et puis un enfant c'était mignon... Quand ça ne sentait pas la merde et que ça ne pleurait pas. Et qu'est-ce que cet enfant avait fait pour mériter de mourir ? Il avait eu une remontée de lait sur une chemise du Modernis ? Il avait peur qu'Allic ne change d'avis et continua. 


« Si tu as engagé quelqu'un en qui tu n'as pas confiance, c'est ton problème. Je ne suis pas ... » Une pause, cherchant ses mots. « Qualifié. Je ne suis pas qualifié pour ce genre de choses, les meurtres prémédités et tout ça. Mais crois-moi, mes produits ne te décevront pas. »


Il jeta négligemment le dossier qu'il avait refermé sur le bureau de l'homme et soupira.

« C'est à toi de décider. Tu me laisses bosser de mon côté, je te donne ce que je fais et je continue mes études.»

Si il refusait, Jin avait toujours prévu un plan B, faire peur à Allic. Mais il préférait entamer une relation qui serait basée sur un minimum de confiance. Il pouvait aussi lui parler de cette idée qu'il avait eu et qui valait peut-être son pesant d'or, mais il préférait le garder pour lui. L'angoisse se dissipant, le sourire de Jin fit de même et il reprit son air habituel.
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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyDim 15 Nov - 18:40

F
inalement, Jin brisa tous ses a priori. Il se payait le luxe d'avoir une âme et il était complètement décérébré. Ou trop intelligent pour son propre bien. Trop décent surtout. Il n'allait pas faire long feu à Modernis.
Allic lâcha un gros soupir et ramassa tous les papiers qu'il avait étalés sur son bureau, les entassant en une petite pile désordonnée. Un geste symbolique, qui traduisait bien les conséquences de la réponse du jeune homme. S'il ne donnait pas, il ne recevrait pas. Rien n'était gratuit ici.
L'homme planta son regard dans les yeux du Cyber. Puis, d'une voix grave, il lui répondit :

« Je ne vais pas te cacher que je suis extrêmement déçu. … Mais je dois aussi te respecter. Tu sais ce que tu veux et quelles sont tes limites. C'est une attitude très dangereuse ici, j'espère que tu en as conscience et que tu sais ce que tu fais. En refusant mon offre, ce n'est pas seulement le pognon et l'appart' qui te filent entre les doigts. Si tu n'entres pas dans mon système, je ne peux pas te protéger. Alors si un jour tu viens pleurer devant moi pour qu'on te protège parce que tu m'as vendu deux ou trois trucs… Disons que tu as plutôt intérêt à faire de la qualité tellement haute que tu te rends indispensable. »

Allic ne savait pas exactement ce que pouvait bien fabriquer Jin qui puisse lui être utile cela dit. Des poisons ? Il avait déjà assez de moyens de tuer. Ce qui l'intéressait, lui, c'était de contrôler les masses. Même si ce n'était pas vraiment perceptible, une guerre se jouait à Modernis depuis des années. Une guerre de territoires. Celui qui l'emporterait deviendrait le roi de cette ville et le Président son bouffon.

Malgré son désappointement, Allic n'était pas prêt à laisser tomber Jin. Il avait du culot et semblait très sûr de lui.

« Très bien. Tu me donnes quelque chose de valable, je te paie. Dix mille par unité, après jugement de la qualité et de l'utilité. Par contre, tu vas devoir te débrouiller pour te trouver un endroit où crécher et payer tes frais de scolarité. »

Il réfléchit une petite seconde. Si Jin n'avait pas les moyens de se nourrir ou d'acheter du matériel, il ne ferait pas long feu et il pouvait dire adieu à ses rêves d'associé chimiste.

« A moins que tu n'acceptes un prêt de cinquante mille à trente pour cent d'intérêt. Ce sera vite remboursé si tu ne traînes pas. »

Cinquante mille correspondait à la somme qu'il avait déjà déposée sur le compte en banque de Jin. Il pensait le faire supprimer mais si jamais le Cyber acceptait son offre plus que généreuse, Allic n'aurait pas perdu son temps à l'ouvrir, même si ça n'avait duré que l'espace d'un appel téléphonique.
Quant au contrat de Grim… Il avait fait sa part, mais il attendait maintenant des résultats de la part de cette vermine décolorée. Il ne savait même pas où il était d'ailleurs, ça faisait un moment qu'il ne l'avait pas vu empiéter sur son espace personnel. En tout cas, il devrait trouver quelqu'un d'autre pour rattraper sa bévue potentielle. Pourquoi lui avait il confié ça en premier lieu ? Quelle connerie… S'il n'avait pas été malade, ça se serait passé bien autrement !

Il avait encore une question à régler avec le Cyber. Soit il acceptait, soit il refusait son offre, car c'était la dernière. Et s'il déclinait, Allic le mettrait à la porte. Ou le tuerait, il ne savait pas encore. Il avait toujours des armes à portée de main, simple question de bon sens. En attendant, il voulait connaître un petit détail.

« Par curiosité, qu'est-ce que tu fabriques au juste ? Qui pourrait m'être utile, bien sûr. Il n'y a pas grand-chose que je ne peux pas m'offrir, comme tu l'as très certainement deviné. »

Il écarta ses bras et embrassa tout son bureau du regard. Ce n'était pas beaucoup, mais cet espace constituait un bon aperçu de sa richesse colossale et indécente. Jin ne pouvait qu'imaginer toutes les voitures qu'il avait dans son garage souterrain, ou les œuvres d'art qu'il hébergeait dans sa villa, ou encore les deux piscines que son grand-père avait fait construire.
Allic ramena ses mains sur son estomac, les  bras en appui sur les accoudoirs de son fauteuil. Un petit sourire insolent étirait ses lèvres. Il voulait se venger de la désinvolture du Cyber, de son refus.  Ce n'était pas vraiment son genre de prendre quelqu'un de haut, ça lui rappelait trop son père. Mais il devait bien avouer qu'il se trouvait de plus en plus de points communs avec lui. Peut-être qu'il s'agissait des conséquences du pouvoir, finalement. … Mais son père était vraiment un connard pourri jusqu'à la moelle quand même !       


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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyDim 15 Nov - 20:49

Bien sûr, Jin savait que l'offre allait baisser après son refus d'aller assassiner qui que ce soit. Mais il avait nourrit l'espoir, pendant quelques secondes, qu'Allic se contenterait de descendre tous ces chiffes. Et pas de tout supprimer, comme ça. En même temps, il était évident qu'un homme à la tête d'un groupe de gens malhonnêtes devait se faire respecter et avoir une poignée de fer. Le junkyen respectait ça.

Mais Allic était quand même un gros fils de pute. Jin se sentit passer de chanceux à futur esclave. Il fronça légèrement les sourcils alors qu'il lui proposait de faire un crédit de cinquante milles dollars avec intérêts, il n'avait aucune idée de comment tout ça fonctionnait, mais il était sûr et certain que le perdant n'était pas son interlocuteur. Il n'avait aucune envie de vivre stressé et anxieux à l'idée de ne pas réussir à le rembourser, ni de se mettre la pression pour fabriquer de bons produits qui plairaient à Môsieur son patron. Alors non, il ne ferait jamais de crédit auprès d'un type qui était prêt à faire tuer un enfant. Le cyber ramena ses deux mains qu'il coinça entre ses cuisses, signe d'anxiété ou de crainte à la Junkyard, mais ne détacha pas son regard du sien.


« Par curiosité, qu'est-ce que tu fabriques au juste ? Qui pourrait m'être utile, bien sûr. Il n'y a pas grand-chose que je ne peux pas m'offrir, comme tu l'as très certainement deviné. »

Jin sentit ses muscles se crisper sous son gros pull et se félicita qu'il ne puisse pas le voir. Il le prenait de haut, cet air hautain qu'avait l'homme était insupportable. Il semblait si sûr de lui, il se croyait si intouchable...
Le jeune homme ne se démonta pas, il bomba le torse et prit un air très fier. Ses doigts enfouis entre ses cuisses, il déclipsa le dessus de la bague à son index droit et empêcha son contenu de s'en échapper en gardant son pouce pressé sur le contenant.

« Ce que je fabrique ? »

Il se leva comme une flèche et un dixième de seconde plus tard, la distance entre lui et Allic était réduit à 10 cm, parfaite pour lui souffler tout le contenu de sa bague au nez. Une petite quantité qui ressemblait à la poudre de cocaïne, l'effet paralysant était immédiat. Jin balaya tout sur le bureau, à part l'ordinateur, sur le sol et vint s'asseoir sur le bureau, en face de lui. Un sourire pervers étira ses lèvres et il prit le menton d'Allic entre ses doigts pour essayer de lui faire tourner la tête sur le côté mais son corps tout entier était tendu. Il prit le temps de le palper, pour voir si il était armé, mais rien. Il avait vraiment un égo surdimensionné pour croire qu'il pouvait se protéger d'un autre sans aucune arme. Il s'écarta légèrement et écrasa son pied sur l'entrejambe de son finalement-peut-être-pas-futur-patron.


« J'ai fait ça moi-même, avec quelques produits achetés à des traders et ce qu'on trouve à la junkyard. C'était mon avant-dernier échantillon alors j'espère que tu ne vas pas me forcer à l'utiliser de nouveau. Bien sûr je sais qu'on trouve ça facilement ici... » 

Il avait mélangé une drogue qu'un ami à lui fabriquait avec du GHB, et un poison qui provoquait des douleurs aux tripes mais aucunement mortel. Rien de grandiose en fait, mais ça lui avait déjà sauvé la mise. Le junkyen fit craquer sa nuque et appuya un peu plus sur les parties intimes de l'autre, il se demandait ce qui lui passait par la tête à ce moment là. Il devait avoir très envie de le tuer. Jin sourit un peu plus en se disant qu'aujourd'hui était sa troisième occasion de le tuer.


« Il y a des gens dans ton genre chez moi, Beackerman. Ils proposent de te protéger contre du sexe, des armes, ou travailler pour eux. Et si jamais tu refuses, tu finis égorgé et aux pieds de la Tour quelques jours plus tard. Je ne peux pas prendre ce risque. »

Il fit basculer le fauteuil pour renverser Allic sur le sol, qu'il retourna ensuite sur le dos et se tint debout au dessus de lui. Ses jolies new rocks exerçant une pression sur ses mains pour l'empêcher de se redresser, au cas où. Mais Jin avait encore quelques minutes devant lui. Pour le moment, il savourait ce sentiment de puissance qu'il avait sur l'une des plus grosses richesses de Modernis.

« Jusqu'à maintenant j'ai dû me restreindre à des poisons qui te tordent les tripes ou à ce petit bijou que tu as respiré, tu vois. Mais je suis quand même fier, pour quelqu'un qui n'a jamais fait d'études. Enfin tu sais, les cyber sont doués pour inventer des choses qui leurs faciliteront la vie, j'ai juste un grand intérêt pour les poisons, les produits corrosifs... » il dit ça tout en observant ses bagues, sa main au-dessus du visage d'Allic, espérant que ça provoquerait la panique en lui. La peur de voir sa belle gueule rongée sans espoir de rattraper les dégâts. Il baissa ses yeux vers lui. « C'est pour ça que j'ai besoin de ton aide. Moi je veux juste mettre à profit cette... passion, si on peut dire ça comme ça, et toi tu y gagnerais tout. »

Il s'accroupit et approcha son visage du sien.

« Il est hors de question que tu me baises, Beackerman. Ton offre précédente me plaisait beaucoup et je suis sûr que ça ne représente pas un millième de tout ce que tu touches en une année. Tu n'as absolument rien à y perdre... Si je peux faire ça sans aucune connaissances, imagines ce que je ferai quand j'aurai passé mon doctorat ? »

Jin s'assît sur le ventre de d'Allic, même si léger comme il était, l'humain n'aurait pas grand mal à le faire basculer. Dommage pour lui, il en était incapable. Ce fils de riche était inconfortable, lui qui s'attendait à tomber sur une couche de gras, il était déçu.

« Et puis, je suis sûr qu'on pourrait très bien s'entendre toi et moi. Je suis très créatif, tu sais. Et tu ne trouveras pas plus passionné. » Il prit cette fois sa mâchoire entre ses doigts et lui fit ouvrir la bouche. Bien, il se remettait vite. Il se redressa et s'écarte pour aller se rasseoir. « Dans quelques minutes tu pourras de nouveau bouger comme si de rien n'était. Tu as le temps de réfléchir. Ah, et si tu songes à me tuer, sur mes dix bagues il n'y en a qu'une qui a l'antidote, choisis bien. »

Bien sûr, il mentait. Il n'avait pas empoisonné Allic, mais il aurait pu. Et il comptait sur la surprise de Beackerman pour que ça l'ait rendu crédule.
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Allic S. Beackerman
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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyDim 15 Nov - 22:52

J
amais Allic n'avait autant regretté une question, ni autant payé les conséquences de sa curiosité. Quelque chose changea dans l'attitude de Jin quand il lui demanda ce qu'il pouvait bien fabriquer de si génial. L'homme le vit bouger, mais il ne fut pas assez rapide. Ce connard, un vampire ou un hybride bien gâté par la nature, réussit à lui souffler une poudre au visage alors que ses doigts avaient juste frôlé la crosse de son flingue masqué sous son bureau. Ses muscles se crispèrent instantanément et il sentit ses doigts quitter le motif en relief rassurant de Gomorrhe. Bordel de merde ! Sa respiration se fit plus courte, il ressentait comme un poids sur la poitrine. Il ne pouvait même plus bouger les yeux, mais il voyait et il entendait, bien que ce soit comme à travers un épais drap de coton. Et ce qu'il voyait le mettait dans une colère folle.
Ce petit merdeux pouvait se pavaner, maintenant, c'était sûr. Allic comprit que ce qu'il avait dit ce matin, au café, n'avait rien à voir avec de la fanfaronnade. Il avait peut-être bel et bien eu l'occasion de le tuer plusieurs fois. Bien entendu, ça, Allic ne le lui avouerait jamais. Ni à lui, ni à personne. En revanche, s'il survivait à cette entrevue – il était presque certain que le tuer n'avancerait pas beaucoup Jin – il se montrerait beaucoup plus prudent en présence de ce morveux. Il étudierait même la possibilité de le faire tuer. Il tenait à sa vie après tout et même s'il était du genre à prendre des risques, il avait ses limites.
Jin profita de l'immobilité forcée du Parrain pour le palper. Allic ne ressentit pas grand-chose et les endroits où il était chatouilleux d'ordinaire ne lui firent aucun effet. Le Cyber finit par se reculer sans rien avoir trouvé d'intéressant, apparemment. Et pressa son entrejambe à l'aide de son pied. Au début, Allic ne ressentit qu'un léger fourmillement et le fait de ne pas pouvoir baisser la tête pour vérifier ce qui se passait était particulièrement agaçant, mais ce qui était en train de se passer fut assez vite évident. S'il arrivait quoique ce soit à son précieux service intime, il allait le payer très très cher ! Et les intérêts ne seraient pas de trente pour cent, cette fois !
Tandis qu'il fixait, sans autre choix, le jeune homme, Allic se demanda si ses yeux pouvaient encore retranscrire toute la mesure de sa fureur.

Jin étant bien installé, il commença à se vanter. Allic regretta d'avoir fait la même chose un peu plus tôt. Ca l'avait peut-être inspiré. Au moins, c'était impressionnant. Il avait fait cette poudre paralysante avec de pauvres moyens. Malgré la situation, Allic ne put s'empêcher de fantasmer sur ce qu'un cerveau pareil serait capable de faire avec les moyens d'une famille comme les Beackerman. C'en était grisant. En tout cas, ça le serait s'il arrivait à se sortir de ce pétrin.
Et puis vint l'explication de son geste, de son refus surtout, de travailler pour lui. Apparemment, il craignait de se faire doubler. Ce n'était pas complètement idiot. Bien sûr, il ignorait que les Beackerman s'étaient forgés une solide réputation de fiabilité à Modernis State. Facile quand on était les plus riches et les plus puissants.
Après ça, Allic se sentit partir en arrière. Sa tête heurta le sol, mais la douleur fut presque infime. Il était prêt à parier toute sa fortune qu'une fois les effets du produit dissipé, il allait avoir très mal au crâne. Du coin de l'oeil, il vit deux paires de chaussures bien trop énormes – à moins qu'il ait des pieds anormalement enflés – écraser ses jolies mains soigneusement entretenues et manucurées. S'il lui cassait un ongle…
Là-dessus, vinrent les motivations du jeune homme. La raison de sa présence dans ce bureau en somme. Allic s'aperçut que le Cyber avait une idée bien précise de ce qu'il voulait finalement, il n'était pas juste venu voir ce que voulait lui proposer le mafieux. Et il lui racontait tout ça en agitant ses bagues certainement pleines de saloperie au-dessus de son visage. Il n'avait pas encore commencé la chirurgie esthétique, un rituel familial, alors il aurait apprécié en profiter encore quelques mois – années avec un peu de chance. Il espérait qu'un de ces bijoux mortels n'allait pas s'ouvrir accidentellement et lui inoculer une MST bizarre. Si seulement il pouvait articuler quelque chose, un avertissement… Mais ce mec devait être instable, c'était probablement mieux d'être forcé de garder le silence. On ne savait pas ce qui pouvait lui faire définitivement péter un plomb. Un mot tout con, ou une expression courante, comme « pizza quatre fromages » par exemple.

Le danger s'écarta, remplacé par le visage de Jin. Bon sang, ne put s'empêcher de remarquer Allic, il avait les pores complètement bouchés ! Allic se recentra sur le sujet principal en entendant parler de  baiser. Quoi ? Il ne le baiserait pas ? S'il avait pu sourire… Ca restait à voir après tout, malgré sa peau dégueulasse, Jin n'était pas laid. Enfin… Pour le moment il était incapable de bander alors… A moins qu'il soit en train de le faire justement. Comment ça fonctionnait ce truc au juste ? Bordel, il voulait savoir ! Pourquoi est ce qu'il ne pouvait pas bouger ?! Il détestait ce genre de situation !
En tout cas, Jin avait raison. Avec de gros moyens à disposition, Jin pourrait faire des miracles. Bien sûr, Allic avait tout à y gagner, à commencer par ne plus constituer une cible potentielle pour le Cyber. Que ce ne soit pas lui qui aille tuer à son compte, ça n'avait pas beaucoup d'importance, finalement. Il avait déjà beaucoup de tueurs talentueux à son service.
Jin prit alors place sur son ventre, tranquillement. Allic essaya de bouger un peu et il sentit ses muscles abdominaux se contracter et se décontracter légèrement. Cependant, c'était encore trop peu pour se défendre. Il avait de la chance d'être résistant aux substances chimiques, il allait peut-être s'en sortir vivant, même si Jin décidait finalement de le buter.

Sur un dernier avertissement, le jeune homme disparu de la vue d'Allic, qui se sentit très seul et vulnérable au possible. Etait-il toujours là ? Impossible de le savoir. Et puis, petit à petit, il repris l'usage de ses membres.
Alors que ces derniers étaient encore gourds, il se leva et tituba en avant, puis se pencha raidement pour saisir son flingue. Ses doigts n'étaient pas très agiles et il devait tenir la crosse à deux mains pour ne pas risque de faire tomber son arme, mais au moins elle était pointée en direction de Jin et il pouvait appuyer sur la gâchette.

« O-kay, articula-t-il avec difficultés. Tu m'as convain-cu. Ton truc est… Puissant. Tu es embauché. Si tu me donnes l'antidote. Tu auras tout ce dont tu as besoin. Ca te va ? »

Il n'arrivait pas à croire que le chantage d'un sale gosse de la Junkyard avait fonctionné sur lui. D'un autre côté, il était ravi d'avoir réussi à dégoter un tel génie, qui savait où étaient ses meilleurs intérêts.
Ses muscles se relâchèrent un peu plus, en particulier au niveau des mains. Ses doigts n'étaient plus aussi engourdis et il put raffermir sa prise sur le flingue avec soulagement. Puis, soudain, un coup partit bruyamment. La balle frôla Jin et alla se ficher dans sa porte, qui était assez épaisse pour l'empêcher de la traverser.

« Merde ! »

Son doigts avait pressé la détente sans qu'il le veuille. Il garda son arme levée, mais dirigée plus à droite du Cyber.

« Bon allez, file moi cet antidote. »      


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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyLun 16 Nov - 0:21

Il pouvait entendre Allic reprendre progressivement le contrôle de son corps tandis que lui, terminait le contenu de sa bouteille d'eau, qu'il rangea dans son sac une fois vide. Peu après, une tignasse un peu décoiffée émergeait de derrière le bureau. La drogue faisait encore son effet, mais il avait l'esprit bien clair. Preuve étant, il sortit une arme de sous le bureau. Les doigts de Jin se crispèrent légèrement sur la matière de son slim. Il aurait dû y penser, à vérifier là. Crochet gardait toujours quelques couteaux sous le comptoir de son bar. Mais était-il assez fou pour risquer de mourir empoisonné ? Non, il ne l'était pas. Enfin c'est ce que Jin se disait en faisant de son mieux pour garder un air impassible, et même un peu fier, lorsqu'une balle siffla près de son oreille. Le Cyber perdit des couleurs et son sourire s'effaça, est-ce qu'il le menaçait ? Il se crut sourd pendant quelques secondes et n'entendit pas correctement ce que lui dit Beackerman, mais il pouvait le deviner. Il lui demandait l'antidote dont il lui avait parlé, certainement.

Le junkyen prit une grande inspiration et aborda une moue moqueuse alors qu'il faisait craquer ses doigts. Ses mains cessèrent de trembler mais son cœur battait à tout rompre. Il avait eu peur que son pouvoir se déclenche. Ça ne lui était arrivé que deux fois dans sa vie, mais il savait que ça le laissait toujours épuisé au point d'être vulnérable. Et il n'avait plus besoin de fracasser son interlocuteur, ça aurait donc été dangereux pour lui que son instinct de survie prenne le dessus.

« Hé bien en fait, il n'y en a pas. » il laissa passer quelques secondes, pour inquiéter un peu Allic, avant de reprendre « Pour la simple et bonne raison qu'il n'y a pas de poison. Enfin si j'étais toi, je ferais le plein de papier cul avant l'heure qui arrive. Je ne sais pas encore pourquoi mais des fois cette drogue... provoque parfois des douleurs intestinales, et un relâchement total du sphincter. »

En gros, il pouvait s'attendre à se payer la chiasse de sa vie. Et lorsqu'il s'imagina Allic bloqué sur la cuvette des toilettes en train de le maudire, il dût se faire violence pour ne pas rire. Après, ça ne le faisait pas à tout le monde, il le saurait très bientôt. Jin posa ses mains sur le bureau de l'autre homme, en signe de paix. En tout cas il n'allait pas le droguer de nouveau, pas avec ses bagues en tout cas... Il ne comptait pas dévoiler toutes ses cartes à un homme qui éprouvait sans aucun doute un désir profond de le faire écarteler. Il le regarda dans les yeux et reprit :

« Je te jure, Allic, que je veux juste mettre mes talents à ton profit afin d'en vivre. Vos petits jeux de riches ne m'intéressent pas, je ne veux pas être plus puissant que toi, ça me ferait chier de devoir m'inquiéter et être parano. Je veux juste étudier, pouvoir enfin prendre soin de moi, manger à ma faim et peut-être me trouver un mec. »

Il avait fait de son mieux pour paraître le plus honnête possible, et il l'était. Il ne voulait pas s'inquiéter de quelconques représailles, vengeances. Si Jin était venu à Modernis, c'était aussi pour éviter d'être menacé de mort tous les jours. Il fixa le canon de l'arme et croisa de nouveau les bras contre son torse.

« Je veux que notre contrat comporte les mêmes offres que celles que tu m'as proposé, et ta protection, évidemment. Si j'ai besoin d'un cobaye, je veux que tu me fournisses les preuves qu'il a causé du tort... Pas d'innocent. Je ne vais pas te demander de jurer sur l'honneur que tu ne me tueras pas, je ne suis pas sûr que tu aies une parole. J'aimerais aussi un double que je vais envoyer à un ami de Cyber qui se chargera d'éventrer ta mère et tous tes proches si il m'arrive quelque chose, et t'arracher les yeux pour les mettre à la place de tes couilles. » il fit mine de réfléchir, « En fait, deux doubles. »

À l'heure qu'il était, il devait maintenant savoir que Jin ne plaisantait pas quand il parlait de le tuer. Il allait les faire apporter à son oncle Crochet qui en transmettrait un à son père. Zashch allait criser en voyant que son fils se mettait en danger après moins de vingt-quatre heures passées à Modernis, mais peu importe. Bien sûr, il se méfiait désormais d'Allic, pour le moment... Alors d'abord il les ferait passer à l'un de ses plus vieux frères, juste au cas où. Bien, il était temps de changer de conversation, c'était trop tendu.

« C'est quoi ta couleur préférée ? J'aime beaucoup personnaliser alors si tu veux une couleur ou une matière particulière, je ferai de mon mieux. »
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Allic S. Beackerman
Allic S. Beackerman
Stylish Boss
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Date d'inscription : 17/08/2015
Age : 35
Ville de résidence : Modernis State
Emploi : Criminel / mannequin
Race : Humain

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Relation avec les dragons: Étranger au Clan
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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyLun 16 Nov - 11:20

L
es effets du produit se dissipaient de plus en plus rapidement. Allic sentait le mal de tête qu'il s'était prédis arriver au grand galop. Heureusement qu'il avait toujours des médicaments dans son bureau, pour les lendemains de cuite. Jin lui apprit après un petit moment que ce ne serait pas la seule conséquence. Et bien, ça n'impressionnait pas vraiment Allic. Il se contenta d'un petit haussement d'épaules en guise de réponse et braqua de nouveau son canon sur le jeune homme, faisant pivoter son arme à quatre-vingt dix degrés alors qu'il pouvait de nouveau la tenir d'une seule main.
Il ne dit rien et écouta le Cyber plaider sa cause, en faisant attention à son corps. Il bougeait discrètement ses muscles, histoire de localiser ceux qui étaient encore un peu raides et ceux qu'il pouvait utiliser efficacement. Dans peu de temps, il pourrait courir. Ou se battre correctement. Tony disait qu'il avait un bon jeu de jambes.

« Tu as des désirs plutôt simples. Je ne vois pas de raison de ne pas t'accorder ce que tu veux. »

Jusqu'à la suite. Mais pour qui le prenait ce gosse ? Son larbin ?! Le regard d'Allic se durcit et s'assombrit, sa prise se raffermit sur sa crosse. Il allait le buter ! Bordel de merde, il avait tellement envie de lui en foutre une dans la tronche. C'était si facile en plus : il n'avait qu'à appuyer sur la gâchette, une légère pression et la tête de Jin sauterait, exploserait même.

« Tu te fous de ma gueule, petit merdeux ? »

De sa main libre, il ouvrit un tiroir et en sortit une enveloppe épaisse qu'il lui jeta au visage.

« Tes coordonnées bancaires. T'as du fric là-dessus, alors démerde-toi pour te trouver une piaule et te faire tes doubles. On n'est pas chez les vamp' ici, on se sort les doigts du cul. T'as déjà de la chance d'être encore en vie, malgré tes petits talents. »

Allic rageait et savait qu'il se mettait potentiellement en danger. Cela dit, avec autant de blé à disposition, il doutait que Jin veuille faire son petit malin et tout faire capoter en le tuant bêtement. Il lui avait déjà prouvé qu'il était quelqu'un d'intelligent après tout. Et il ne serait pas difficile pour Allic de supprimer son compte en banque et de récupérer son fric s'il s'enfuyait juste avec les papiers. Peut-être qu'il avait trouvé un moyen de pression à exercer sur Allic, mais une menace de mort était éphémère quand on s'attaquait à quelqu'un avec autant de ressources que lui. Dès qu'il serait sorti de ce bureau, ce serait Jin qui serait à sa botte, et pas le contraire.
L'homme passa sa main sur sa nuque, encore un peu raide. En dehors de cette histoire de double qui lui avait hérissé le poil, les demandes du jeune homme étaient correctes. C'était le minimum quand on bossait pour la mafia, la base même. La protection. Que Jin ramène son clan de lépreux, il s'en fichait pas mal, du moment qu'ils ne venaient pas squatter sa Ludostation ou salir les sièges en cuir de ses décapotables.

« Va pour la protection et tes cobayes. Ca sera pas difficile à trouver, t'inquiète. »

Des malfrats à Modernis State ? Il déjeunait avec eux régulièrement ! Ca lui donnait même une bonne solution pour se débarrasser des corps encombrants de ses concurrents. Restait à les garder vivants après une fusillade. En cas de manque d'altercations, il y avait toujours les petits racketteurs des rues ou les meurtriers azimutés. Sans parler des humains infectés qui pétaient un boulon.

Au moment où Jin parlait de couleurs, la porte du bureau s'ouvrit violemment, laissant passer cinq mecs hyper baraqués et armés de gros flingues. Allic lâcha un soupir bruyant.

« Vous en avez mis du temps. »

Trois mirent Jin en joue tandis que les deux autres l'attrapèrent par les bras et les épaules. Allic goûta le plaisir de le voir se faire tordre les articulations.

« Du calme, les mecs. »

Les agents de la sécurité du building se stoppèrent, en attente des instructions de leur boss. Allic prit son temps.

« C'est le chocolat. Ne me fais pas regretter ma décision. Allez, sortez-le d'ici. »

La situation semblait résolue en sa faveur, mais Allic avait gardé son arme pointée en direction du Cyber. On n'était jamais trop prudent.


     


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Jin Daven
Jin Daven
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MessageSujet: Re: L'herbe n'est pas plus verte ailleurs   L'herbe n'est pas plus verte ailleurs EmptyLun 16 Nov - 16:34

Lorsqu'Allic accepta finalement ses conditions, à part une, Jin se dit qu'il n'était pas perdant et un sourire satisfait illumina son visage. Il n'avait pas de crédit sur le dos, avait un compte en banque avec une grosse somme d'argent dessus, et allait être payé pour faire ce qu'il aimait. Il savait qu'il avait mis son nouveau et tout premier patron en colère et qu'il faudrait qu'il se rattrape sur ses produits. Il ne s'inquiétait pas pour ça, il se savait doué. Chaque Daven avait un talent particulier, ou une folie qui correspondait peut-être à une dégénérescence. Et le sien, de talent, était le poison. Il allait demander à Allic ce qu'était un morveux exactement quand cinq hommes énormes firent irruption dans le bureau, la détonation avait dû inquiéter la pétasse qui servait de secrétaire et avait prévenu la sécurité. Au moins elle faisait bien son travail. On l'agrippa par les épaules avec brutalité et Jin sentit qu'on lui tordait les bras pour l'empêcher de bouger. Il grimaça de douleur et lança un regard menaçant au responsable, le molosse à sa gauche, qui ne fut pas du tout impressionné. Il était trop occupé à regarder son patron, fier de sa prise, attendant sa croquette comme récompense. Le cyber essaya de se détendre pour soulager ses muscles crispés. Il poussa un soupire exaspéré et le grand et puissant patron leur dit de se calmer. Est-ce qu'il allait leur dire que Jin avait failli le tuer ? Il en doutait, il avait l'air trop fier. Il était supérieur au junkyen, il n'avait à aucun moment risqué de se faire pousser dans le vide, à travers la baie vitrée immense derrière son fauteuil.

« C'est le chocolat. Ne me fais pas regretter ma décision. Allez, sortez-le d'ici. »

Bon, ça y est. Allic avait repris toute son assurance de grand patron. Une petite menace pour rappeler que c'était lui, le boss, mais Jin était sûr qu'en fait, il l'adorait. Quelque part il devait bien l'apprécier ! Sinon il lui aurait tiré une balle en pleine tête, probablement. Les trois hommes qui le tenaient en joue rangèrent leurs armes et sortirent en premiers, les deux qui le tenaient encore desserrèrent un peu leur prise pour l'agrippe par les coudes et le forcer à sortir. Jin fit un petit clin d’œil à Allic, qu'il n'avait pas quitté des yeux, avec un petit sourire malicieux.

« T'as l'air crispé, faudrait apprendre à te détendre Patron. »

Ils sortirent du bureau, un peu en bordel, de Beackerman et le cyber repoussa les deux hommes qui le retenait.

« C'est bon, je vais pas me ruer sur lui. Et vous avez oublié de prendre mes papiers. »

« On n'est pas tes chiens. »

« Non, vous êtes ceux d'Allic, et il vient de m'engager. Alors si je ne peux pas signer son putain de papier, je bosserai pas pour lui, et c'est sur ta face de rat que ça va retomber. »

L'homme à qui il s'adressait devait faire une tête et demi de plus que lui et au moins deux fois en largeur. Il leva la main pour lui coller une gifle, ou plutôt son poing, en plein visage, mais son collègue l'arrêta en agrippant son poignet, lui intimant de se calmer. Il retourna ensuite dans le bureau d'Allic auprès duquel il s'excusa, ramassa tous les papiers et le sac de Jin qu'il lui rapporta et lui fourra dans les bras. Les cinq hommes le conduire dans l'ascenseur et le firent sortir du building, puis retournèrent à leurs postes respectifs. Le cyber marcha quelques minutes, jusqu'à se retrouver à un petit kilomètre du building, et se laissa glisser contre un mur en poussant un long soupire de soulagement. Ca y est, la pression retombait enfin. Il ferma les yeux et prit le temps de se calmer. Il avait une chance incroyable aujourd'hui, Allic aurait très bien pu le tuer et faire disparaître son cadavre sans problème. Personne n'aurait jamais rien su. Heureusement, cet homme était intelligent et s'était laissé convaincre. À l'avenir, Jin ferait plus attention. Au moins son plan B avait marché.


À présent, il avait de l'argent. Ce soir il ne dormirait pas dehors. Il ouvrit l'un des dossiers que Beackerman lui avait donné et en sortit une carte bleue de celui qui correspondait à l'ouverture de son compte en banque. Les instructions étaient très simples. Il chercha la banque à laquelle il était affilié et utilisa le distributeur pour activer la carte, créer un code et retirer deux cents dollars. Il n'avait pas besoin de plus pour ce soir. Le junkien se rendit ensuite dans un hôtel à la façade blanche et parfaitement propre, il demanda une chambre individuelle. On lui donna les clés après qu'il ait donné les quatre vingts dollars demandés et il se rendit dans la chambre. Il n'avait jamais dormi dans une vraie chambre, alors il se laissa aller à l'émerveillement quand il vit une grand lit deux places au milieu de la pièce blanche et dorée. Les draps sentaient le propre, ça aussi il ne connaissait pas. Il y a le strict minimum de mobilier nécessaire, un mini-frigo avec un peu d'alcool dedans, deux tables de chevet de chaque côté du lit, les interrupteurs juste au dessus, une grande armoire. Il s'attarda dans la salle de bain, une baignoire l'attendait avec différents produits pour le corps. Jin était comblé. Il allait prendre une bonne douche, manger, et dormir. Demain il irait faire du shopping, un soin complet du corps accompagné d'un massage, choisirait son appartement et enverrait la facture ainsi que le contrat signé à Allic... Avec un petit cadeau à l'intérieur.
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L'herbe n'est pas plus verte ailleurs
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